• A l'envers du monde

    je vois les nuages

    accumulés dans la peau

    des humains en rage.

     

    A l'envers des flots

    je vois le rivage

    où gît l'offrande des ans

    sous les algues folles.

     

    Sur les draps du froid

    s'étend la sueur des nuits blanches

    entre ma peau livide

    et l'aspic du désordre.

     

    Les lambis sonnent lumière

    dans l'oreille de l'enfance

    et s'ouvre l'avenir dans la nuit aux lucioles.

    Pourtant il faut partir de cette île sacrée.

     

    Alors, sur mon bâton j'appuie

    l'enfer des molécules

    dans le gravillon des pas

    et l'hibiscus flatte le colibri gourmand.

     

      


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  • Apprentissage du dessin

       

     

    Cette question n'est pas initiale. C'est à force d'écrire que l'écrivant s'interroge. Est-il ou n'est-il pas écrivain, regardant son stylo ou son clavier avec autant d'angoisse que le célèbre héros de Shakespeare...

     

    Mais la raison a peu de raisons dans cette histoire. On ne choisit pas d'être écrivain, on le devient.

    Et le fait d'être édité ou pas ne change pas grand-chose à l'affaire. Bien évidemment, la quête de lecture est inhérente à l'écriture, tout comme le peintre aspire à ce que l'on contemple et commente son œuvre, tout comme tout artiste... Car l'art est une forme d'expression et comme toute expression, elle se donne à l'autre.

     

    Quant à savoir s'il faut opter pour la vie ou l'écriture, cette question ne se pose que tant que la vie est possible sans écrire. Le propre de ceux qui écrivent est que la vie leur reste en « incomplétude » s'ils n'écrivent pas. Il n'y a pas d'antinomie mais une intrication subtile entre vie et écriture.

     

    Bien évidemment, ces propos sont le résultat d'années de débats sur cette question. J'ai longtemps cherché à vivre... sans écrire, croyant que la vie relevait de l'intensité pure et l'écriture du fictif, du factice, de l'artifice. Mais cette question n'a plus lieu d'être pour moi : l'écriture est, non pas un substitut de la vie ni un exutoire, mais un amplificateur de vie, une lecture constante de la vie. Beaucoup de gens passent beaucoup de temps à déblatérer sur les autres et sur le monde et sur la politique et sur les saisons, etc. C'est ce qu'on appelle les conversations de café du commerce et nul ne se demande si ces gens vivent moins ou plus, ce faisant. Cela fait partie de leur discours sur la vie qu'ils vivent. L'humain est un être de langage : chacun a besoin de trouver le sien. Seul le moine ou l'ermite atteignent un niveau d'intensité intérieure où le langage et l'expression sont réduits à minima.

     

    L'écriture est une floraison qu'ajoute l'écrivain aux floraisons de la vie. Elle est aussi un sondeur d'océan que la vie ne donne pas toujours à voir. Le sentiment d'incomplétude permet justement ces plongeons et ces quêtes... qui ne sont pas hors la vie mais en sa face invisible.

     

    Être édité n'est donc qu'un épiphénomène à la passion d'écrire ; souhaité, souhaitable, mais non moins épiphénomène. L'écrivain doit toujours resté sur l'axe de son feu intérieur et non sur les feux follets de la reconnaissance – même si celle-ci fait du bien !

     


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    Photo des Dombes, étangs près de Lyon.
    Merci à Véronique qui m'a autorisée à utiliser sa photo.

    J'ai été séduite par la lumière et l'atmosphère de ce paysage.
    Il m'a donné envie de le travailler.

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    Premier essai : le fusain

      

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    Ensuite les encres de Chine

      

     Enfin, une gouache sur toile
    (la première gouache depuis que j'ai repris le dessin)
     

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