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    Dites-moi,

    Dites-moi s'il vous plaît

    Où s'en va mon âme quand se déchire

    L'espace de l'antre et de l'inspir ?

     

    Dites-moi...

    Vos mains de danse albâtre

    peuvent-elles retenir

    mon coeur désemparé

    s'envolant

    invisible ?

     

    Dites-moi...

     

     

     


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    Photos

     

      

    Soir de blues, ne me blouse pas,

    sur le mur d'en face, je lis mes rêves noyés

    Et s'il faut entendre la sirène de brume

    alors laissez-moi me taire

    dans l'aurore d'écume.

    Soir de blues, ne me blousez pas

     A la craie, les beaux jours s'effacent.

    Soir de blues,

    dans l'aurore d'écume

    je noierai ma brume

    sans encre ni chemin

      


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    Au bord de l'océan,

    j'ai tissé un filet de mailles de corail

    mais mes pieds enferrés ne peuvent plus bouger.

     

    Me voici, prisonnière

    d'horizons embrumés

    dilution de mon âme sur l'étanche carnet.

     

    Est-ce que cependant je trouverai la barque

    où rejoindre cette île où dort mon enfant ?

     

    L'enfant que je ne fus jamais

    Celui que je ne fis jamais

     

    Il dort dans un trou de sable noir

    non loin de ce volcan

    où les cendres font écran

    à tout ciel de cobalt.

     

    Il dort, cet enfant, que je ne serai jamais

    Il dort dans un trou noir

    celui de ma mémoire.

     

    Il dort, cet enfant, que je n'aurai jamais

    Il dort dans l'abreuvoir

    où je n'ai pas su boire.

     

    Je reste là plantée

    sur une plage déserte

    les cris d'oiseaux sauvages

    de mon âge m'alertent.

     

    Il faut bien admettre que le temps est passé

    que seuls subsistent quelques instants froissés

    où laver ses mirages pour faire son bagage.

     

    Il faut aussi admettre le temps fissuré

    des rêves de revanche,

    des soifs d'allégresse.

     

    Il faut encore admettre qu'un sourire est parfois

    le signe du départ où l'enfer a livré

    son dernier carton noir pour le néant grimé.

      

      


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    Photos

     

     

    Jaguar au fusain d'après une photo de WWF. Le sort de ces félins en danger m'importe particulièrement. Je ne supporte pas l'idée que nous fassions disparaître ces merveilles de la nature...

      

      


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    Notre société est malade. Rares sont ceux qui en disconviendraient. Mais le plus grave est que notre pensée soit, elle aussi, malade, congelée, anéantie.

    Je ne veux pas dire qu'il n'y a pas de penseurs... Je parle de tout un chacun, du citoyen lambda. Il me semble que la plus profonde maladie de notre société est justement c'est congélation de la pensée.

     

    La nécessaire libération des émotions qui s'est produite au cours des cinquante dernières années a été accompagnée d'une perte de pensée.

    L'émotion et le plaire sont devenus les moteurs sociaux. Publicités, alertes à la disparition, alertes météo, mobilisations télévisuelles pour les grandes causes, téléréalités, tout se situe aujourd'hui au niveau du sacré cœur, des larmes, du rire ou de la colère.

    Loin de moi, l'idée de mettre en suspens l'émotion et le cœur. Ils sont indispensables et nous ne les utilisons pas encore suffisamment bien. Moins que ne savent instinctivement le faire les animaux.

     

    Le problème n'est pas que nous écoutions notre cœur, mais que nous ne sachions plus faire que cela et, pire, ce n'est pas notre cœur que nous écoutons, mais ce que l'on nous donne à écouter comme ce qui doit être senti. Nous sommes manipulés par l'émotion commandée !

     

    Rien n'est plus déplorable et attristant qu'une campagne politique où ce sont les têtes, les démarches, les sourires, et hourras qui font la cote d'un candidat, faute de projet. Rien n'est plus dommageable au sort d'une société que de voir ses citoyens livrés aux jeux de sourires, de coups de foulards, de haussements de sourcils et de sondages

    L'absence de projet politique est une catastrophe grave pour une démocratie et la manipulation des émotions est devenue l'instrument politique le plus efficace pour nous conduire à l'isoloir.

    En d'autres termes, c'est une déroute de la démocratie à laquelle nous assistons, sans nous offusquer plus que cela, trompés par l'existence du vote universel, de parlementaires dument élus, d'institutions de contrôle et de pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) séparés, théoriquement.

     

    Nous dormons sur les lauriers de notre perte.

    Parce qu'il n'y a plus de pensée.

    Il y a quelques années, lorsque j'étais jeune, on arrivait face au monde et à l'âge adulte avec différentes théories à disposition pour comprendre le monde. Il restait à chacun de faire sa cuisine personnelle, son expérience et ses choix. Marxismes différemment interprétés, structuralisme, existentialisme, psychanalyse, anti-psychiatrie, féminisme, etc. Le panel de pensées était immense pour aider chacun à se construire son propre filtre de compréhension du monde. Tout regret est inutile; cette époque avait son compte d'excès et de manques ; les embrigadements étaient légion, les manipulations d'un autre ordre. Mais la comparaison peut aider à réfléchir.

     

    Ce qui caractérisait tout de même cette époque, c'est qu'il était difficile d'arriver à l'âge adulte sans se confronter d'une manière ou d'une autre, et quelle que fût la classe sociale à laquelle on appartînt, à ces courants de pensée pour se « positionner ».

    Je ne crois pas que les jeunes aujourd'hui réfléchissent moins que ceux d'hier, au contraire. Rien ne leur est acquis : ils sont contraints de se poser des questions face au monde qui leur est proposé. Les révoltes qui parsèment le monde le disent bien.

     

    En revanche, ce qui manque douloureusement aujourd'hui, ce sont des sources de débat, c'est l'existence même de débat théorique grâce auquel construire un autre monde. A l'inverse des animaux, les humains ont besoin de pensée pour ne pas sombrer dans la barbarie.

     

    La gauche au pouvoir, cédant aux modes de séduction au même titre que la droite, a tué la pensée politique de son bord. L'économie a gagné sur la politique parce que celle-ci s'est démissionnée face à la « nécessité économique ». Le libéralisme a gagné parce que la pensée politique l'a laissé gagner.

     

    Il est donc indispensable, urgent, de construire, au niveau de la « base » comme on disait dans ma jeunesse, des structures de pensée, de débat. Les cafés philosophiques étaient un symptôme et un symbole de ce besoin. Mais ils n'ont guère poursuivi leur tâche et n'ont touché qu'une petite frange de la société.

    Je me réfère à Jurgen Habermas pour prôner le débat, la discussion raisonnée, rationnelle comme moyen de reconstruire une vraie démocratie, une démocratie de citoyens sujets et non pas une démocratie de marionnettes soumises aux séductions publicitaires – y compris des hommes et femmes politiques. L'agora reste pour moi un magnifique symbole de la démocratie. Lieu où l'on débat, où l'on échange, où l'on cherche l'argument le plus juste pour construire une société digne de ce nom.

     

    Alors, apprenons à discuter, à échanger des arguments, à analyser, à se respecter en donnant la préséance aux arguments plus qu'aux jeux de pouvoir et de séduction ! Mais cela requiert de chacun une ascèse, un retrait des egos pour donner la préséance au bien commun, une mise en retrait de l'intérêt particulier pour trouver la forme à donner à l'intérêt général...

     

    Nous avons des guides en la matière, Socrate et Platon, Kant, Hanah Arendt, Jurgen Habermas et tous ceux que je ne nomme pas...

    Récemment, Stephane Hessel nous invitait à retrouver notre dignité en nous indignant, Edgar Morin à construire une voie, Susan George à enlever nos œillères occidentales...

     

     

    C'est un immense chantier. Ce texte n'est qu'un cri du cœur ! Car la pensée ne se construit pas sans cœur !

    Le cœur est la palpitation de la vie qui réclame que la pensée se développe pour éviter le pire...

      

      

     

     


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