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    Tordu comme un vieux corps

    Sur un lit d'agonie

    Le pommier fatigué

    Se pendait aux nuages

      

      


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    Prendre ses jambes à son cou

      

    Il fut un temps où nous fûmes de simples singes, de simples, grands singes, beaux et sages. Les arbres et leurs feuillages abritaient nos rêves et nos journées. Le ciel prenait la forme des nuages et la douceur des fruits suffisait à nos rires. Quand venait la mort d'un des nôtres, nous pleurions, le chagrin nous effondrait déjà. Mais nous ne savions qu'en faire, alors bien vite nous reprenions nos épuçages coquins pour oublier l'absence et revenir au présent.

    Les fêtes nous livraient à l'orage et nous savions nous acoquiner à tout vent, sans autre préoccupation que celle du temps qui passe et des nerfs qui s'effacent dans la jouissance sereine et commune.

     

    Il fut donc un temps où nous pouvions languidement nous abandonner sur les branches d'un arbre, les mains placides sur le ventre et les jambes enroulées autour du cou, car la paix prend toujours des airs de volutes.

     

    Et puis cela ne dura pas... allez savoir pourquoi. Peut-être un serpent ou le goût d'un fruit manquant ? Mais la peur prit le ventre d'un de nos partenaires. Nous ne le comprîmes pas. C'était quoi ce tohu-bohu qu'il nous envoyait à tout crin. Il avait peur, c'était quoi ?

    Il se mit à nous lancer des appels comme jamais on n'en avait entendu. Des borborygmes incongrus à vous percer les oreilles.

    Nous nous mîmes à plusieurs pour tenter de le calmer, à tendresses folles et coïts concentrés. Mais rien n'y fit : il avait peur, tremblant de tous ses poils. Il ne pouvait plus rester ainsi, nous comptait-il, l'insane.

     

    Tant et si bien qu'un petit matin nous fîmes conseil d'urgence et d'irrégularité pour comprendre comment faire face à ce nouvel élément qui perturbait nos enroulements de siestes et nos rêves sans objet.

     

    Nous nous établîmes sur nos branches, jambes bien enroulées autour du cou, afin que sagesse puisse s'exprimer. Des plus anciens aux plus jeunes, de la femelle au mâle, chacun donna son avis : notre apeuré avait sali notre habitacle d'une onde délétère que nous ne parvenions pas à chasser.

     

    Il nous fallait donc changer de place. Le vote se fit sans difficulté : à l'unanimité l'exil fut choisi, aveugle et lucide.

    Et c'est ainsi que nous prîmes nos jambes à nos cous, pour fuir la peur qui pourtant ne nous lâcha plus.

      


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    Pour atteindre l'Everest de l'âme, il n'est qu'un chemin :

    sillonner sans crainte ses fosses abyssales.

      

      


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    Pépite

     

     

     

    Sur le monde, son regard d'or

     

    efface le décor

     

    Elle marche à pas lents mais elle n'hésite pas

     

    Sa douleur est un phare d'où émerge l'horizon

     

    Et sa voix de rocaille d'une fée des eaux brunes

     

    C'est une femme silence d'où les mots sont science

     

    C'est une femme tam-tam dont le cœur est volcan

     

    Son amour très discret embaume les plaines,

     

    les montagnes et les rues d'à côté

     

    Elle distille son absence pour donner sa présence

     

    C'est une femme sensible dont le sourire est libre.

     

    C'est une femme frêle où la vie prend racine.

      

      


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    Nicolas de Staël

      

      

    Combien de temps me reste-t-il à vivre ? Combien de temps en aurai-je encore le courage ? Je n'ai pas la réponse, seulement la douleur.

     

    Mais je sais, instant après instant, que le bâton divin qui conduit mon souffle de l'expir à l'inspir est l'art.

    L'art incalculable, insondable, vertical et sensuel à la fois. L'Art.

     

    Créer est une magie à laquelle l'humain s'adonne pour exorciser le vide de son existence et étancher la soif de son essence. L'art est mon nectar, l'art est mon refuge, l'art a toujours été le lieu où j'ai pu disparaître sans périr.

     

    Écrire assurément est un art également car les mots appartiennent à la magie de l'être. Trop souvent galvaudés dans le discours des vanités, ils n'en sont pas moins les étoiles grâce auxquelles la nuit parfois trouve un chemin. Parfois. Parfois seulement.

     

    L'art est le ruisseau où coule la tristesse, où chante la joie, où frémit le plaisir, où hurle le désespoir.

    L'Art est l'océan d'où nous venons et dont la nostalgie taraude nos insomnies.

      

      


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